1 mai 2019
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Rūmiمولان My Soul is from Elsewhere
"My soul is from elsewhere, I'm sure of that, and I intend to end up there." - Rumi
« Et Demain... Mourir.
Cela pourrait presque devenir un événement banal, connaître le moment de son départ, l’instant fatidique de sa Mort.
Ma profession de foi serait alors celle d’être peintre, peindre attentivement les visages et les physionomies, que sur mes pas je découvre.
Pouvoir éprouver une jouissance réelle, à tenir au bout de mon regard le visage de mes proches, de mes chers, de ma chair.
Je suis un homme malade, triste, mais heureux à la fois de ce sort, je sais même quel sera l’aboutissement, puisque le spectre sera le plus fort.
Maintenant je sais, je porte une couronne d’épines sur la tête, les clous de la passion sont des substances qui luttent, contre une chienne de douleur, qui me mord cruellement sans effort.
Je ne suis plus qu’un être sensible et vulnérable, tout ce que je désire, c’est une libération intérieure.
Ma profession de foi sera alors d’être sculpteur, sculpter attentivement les caresses tendres comme pour pérenniser un amour absolu... Ressentir une indicible joie, un contentement, celui d’avoir vécu, celui d’avoir aimé.
Les contours de l’âme seront alors aux teintes du marbre.
La flamme doucement s’étiole, mon corps devient moins souple, ma démarche s’alourdit, je deviens presque une statue.
Je suis un homme condamné, d’une maladie que l’on dénomme «Vie».
Dans un beau jardin, les rayons d’un hiver sans fin, semblent s’attarder de plaisir sur mon passage.
Les nuages sont d’argent, l’astre est d’or, et le vent souffle l’espoir encore.
Maintenant je sais, je porte un suaire, mes membres s’affaiblissent, je dois encore aller vers l’essentiel... Maintenant je suis vieux, je me souviens d’avoir été jeune, impétueux et fort... Désormais je suis sage, je discerne le passage... Un aller sans détour, un voyage sans retour.
Je ne suis qu’un être misérable et modeste, tout ce que je désire, c’est de bien commencer ma mort.
Cette fois-ci, ma profession de foi sera d’être écrivain, écrire lentement, patiemment, tous les mots dits, tous mes non-dits, comme pour absoudre toutes mes passions et mes erreurs.
Puis, m’allonger enfin, avec auprès de moi mes joies, mes regrets et sourires à l’admirable bouffon que je fus, au fabuleux décorum d’une vie révolue.
Je suis un homme mort, je meurs d’avoir trop vécu, le soleil darde ses rayons de gloire, l’éclat de l’eau reflète et s’unit aux émotions, aux joyeuses larmes.
Dans ce bel endroit où je vais, j’emporte avec moi tous mes secrets, je prends le Thyrse, emblème ou sacerdoce, qui tel un lien spirituel, devient mon guide et me soutient.
À travers les brumes, par-delà la rivière, le piano du musicien que je deviens chante une gloire, une sagesse, gamme de cœur et d’éternel.
Je m’endors paisiblement, je me souviens à cet instant, combien ma vie était précieuse et belle.
Je renaîtrai pour des demains, pour d’autres vies qui font grandir...
Pour un repos que je respire, entrevoir une dernière saison, qui, elle aussi...
expire... »
- Sophia Sherine Hutt
(Le Sceau des Anges.)