- Cela se passe en l’an 570, confia Al-Nabati. Un Lundi, le soir du douzième jour du mois de rabbî al-Awal, l’année de l’Éléphant.
Amina était assise dans la cour qui jouxtait la maison de son oncle. Malgré la brise nocturne, la chaleur était encore étouffante. La lune, ronde et pleine, diffusait une lueur lactée sur la courbe des dunes.
Soudain, elle sentit que la lumière qu’elle portait en elle depuis neuf mois manifestait le désir de jaillir et d’irradier le monde. La violence des premières contractions lui arracha un cri qui alerta les femmes de la maison. Patiemment, rassurantes, le geste millénaire maitrisé, elle aidèrent Amina à mettre son enfant au monde.
C’était un mâle. Quand on le déposa sur son sein, Amina, le visage en sueur, murmura :
Je te place sous la protection de l’Unique et contre la perfidie de tout envieux.
Elle interpella sa cousine.
Que l’on prévienne son grand-père !
Quelque minute plus tard, ‘Abd al-Muttalîb arriva dans la chambre où était allongée Amina.
Il embrassa tendrement la mère sur le front et prit l’enfant dans ses bras.
C’est donc toi, le fils de ‘Abd Allâh ?
On aimait beaucoup ton père, tu sais. Il nous manque. Mais grâce à toi, c’est un peu de lui que nous retrouverons.
Quel nom lui donnerons-nous ?
Amina répondit sans hésiter :
Nous l’appellerons Muhammad.
- Gilbert Sinoué
(L’Envoyé de Dieu. Page 36 & 37)