Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 12:42
*Image source internet

*Image source internet

[...] La Bible, un océan de voix rouge. La première connaissance de Dieu dans la vie est une connaissance amère et sucrée, engloutie avec les premiers aliments d'enfance. L'enfant lèche Dieu, il le boit, il le frappe, il lui sourit, il crie après lui et finit par dormir dans ses bras, repu au creux de l'ombre. C'est une connaissance immédiate, offerte aux nouveau-nés, refusée aux gens d'Église, refusée à ceux qui connaissent Dieu d'une connaissance maigre – séparée de ce qu'elle connaît.

Quand vous lisez la Bible c'est au plus loin de ces gens, une phrase, peut-être deux, pas plus.

Dans la Bible il y a Dieu et il n'y a même que Lui. Il parle sans arrêt. Avec des mots et sans aucun mot, avec la foudre et avec la brise du léger matin d'avril, avec le murmure des épis de blé et avec le soupir du bœuf, avec l'écume d'une vague et la langue d'une flamme, avec toutes matières du monde Il parle.

Dans la Bible c'est Dieu qui parle à Dieu, sans arrêter une seconde, d'une voix rageuse, d'une voix souriante, d'une voix douce de colère, rauque à force de tant crier.

Dans la Bible le vent parle au vent, le vent se raconte des histoires pour n'être pas trop seul, le vent de Dieu sur le lac d'une voix, le vent qui marche sur les eaux, le vent qui entre dans les maisons, Dieu le vent, le souffle Dieu.

Un jour il dit à Jonas, Jonas tu vas aller vers les gens de cette ville, tu vas leur dire que je ne les supporte plus, qu'il est bien lourd mon cœur, bien noir mon sang, tu vas leur dire leur mort prochaine, va Jonas, je t'attends.

Et Jonas ne veut pas amener avec lui un tel message, et Jonas ne veut pas tenir la foudre dans son cœur, alors il monte sur un bateau, il veut fuir Dieu, il sait bien que ce n'est pas possible, il essaye, au moins il aura essayé, et le vent se lève sur la mer et le bateau souffre sur les eaux folles, les marins disent il y a quelqu'un ici qui ramène sur lui tous les chiens de la mort, sur lui donc sur nous, il faut s'en défaire, il faut jeter à l'eau celui-là.

Jonas dit son histoire, dit qu'il ne veut pas tenir sa promesse, la promesse que Dieu fait à Dieu de tout anéantir, et les marins lancent Jonas à l'eau et une baleine qui passait là avale Jonas au fond de son ventre, au noir du monde, trois jours, trois nuits.

Dans la baleine Jonas chante, il n'y a plus rien à faire qu'à chanter dans le noir, dans le ventre caverne du noir, enfin il dit c'est d'accord, j'abandonne, j'irai là-bas, je dirai à ces gens ta colère, leur châtiment.

Et quand il a délivré son message, quand il a dit aux gens de cette ville : vous êtes perdus, vous êtes tellement perdus que vous ne savez plus que vous l'êtes, je viens vers vous l'annoncer, c'est le vent qui vous parle par ma voix, le vent qui viendra demain effondrer vos pavillons, vos banques, vos bonheurs tristes et vos jardins de cendre, quand Jonas a craché tous ces mots, il s'en va, assez content, tranquille, il a fait son travail.

Les gens croient la nouvelle, ils pensent c'est fini, Dieu ne reviendra pas sur sa décision, cette fois c'est la fin, et les voilà qui arrêtent leurs affaires, sortent de leurs bureaux et descendent dans la rue pour rejoindre la vie sans lendemain, c'est-à-dire la grâce de vivre, c'est-à-dire Dieu.

Et le plus beau est là, maintenant, comme partout dans la Bible, dans l'inconséquence de Dieu, dans la faiblesse d'un Dieu qui se laisse attendrir par l'abandon de ces gens, un dieu qui annule son décret, un Dieu fou qui contredit le Dieu sage – comme on voit le vent soudain hésiter, d'un seul coup revenir sur ses pas, tenir entre ses mains le visage de deux filles et céder devant tant de lumière et d'enfance, et soudain s'enlever toute violence, ne plus garder de sa force que la douceur, dire il y a donc plus fort que moi, plus fort que Dieu l'orage, plus saint que Dieu l'éclair, et s'incliner, s'incliner en riant comme un fou devant deux enfants de dix ans égarées sur une terre morte, place Jonas, résidence des baleines.


- Extraits de : Une petite robe de fête - Va Jonas, je t'attends. Par Christian Bobin.


Passage sur Jonas (YUNUS) dans la Coran :

139. Jonas était certes, du nombre des Messagers.
140. Quand il s'enfuit vers le bateau comble,
141. Il prit part au tirage au sort qui le désigna pour être jeté [à la mer].
142. Le poisson l'avala alors qu'il était blâmable .
143. S'il n'avait pas été parmi ceux qui glorifient Dieu,
144. il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où l'on sera ressuscité.
145. Nous le jetâmes sur la terre nue, indisposé qu'il était.
146. Et Nous fîmes pousser au-dessus de lui un plant de courge,
147. et l'envoyâmes ensuite (comme prophète) vers cent mille hommes ou plus.
148. Ils crurent, et Nous leur donnâmes jouissance de la vie pour un temps.


[Coran Sourate 37 SAFFAT (Les RANGÉES)]

98. Si seulement il y avait, à part le peuple de Yunus (Jonas), une cité qui ait cru et à qui sa croyance eut ensuite profité! Lorsqu'ils eurent cru , Nous leur enlevâmes le châtiment d'ignominie dans la vie présente et leur donnâmes jouissance pour un certain temps.
99. Si ton Seigneur l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ?
100. Il n'appartient nullement à une âme de croire si ce n'est avec la permission de Dieu. [...]
101. Dis : "Regardez ce qui est dans les cieux et sur la terre". Mais ni les preuves ni les avertisseurs (prophètes) ne suffisent à des gens qui ne croient pas.


[Coran Sourate 10 YUNUS (JONAS)]


*Source image et un site intéressant aussi :

http://www.chiourim.com/mots_cles/yom_kippour/le_prophète_jonas_et_yom_kippour.html

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Ma quête du soi et du non Moi...
  • : Un lieu de vie vers la lumière de soi et du non Moi, un passage où je partage mes textes, mes citations au fil de mes lectures, de mes balades, mes photos et photos de la toile. Un voyage de l'esprit sur la toile, à travers les êtres, les âmes, et le mystère au fil des jours, de tout ce qui m'inspire, me guide, me touche, m’éveille dans ces chemins de l'existence, en cette vie, dans cet Univers Extraordinaire, que nous partageons tous sous un même toit, Le Ciel...
  • Contact

rideau.jpg

'Quand le rideau se lévera, tu verras que nous ne savions rien, ni toi, ni moi.'

- Omar Khayyam -

Par Mot Clef...

Seigneur ! Il suffit à ma fierté que Vous soyez mon 'Dieu' et à ma gloire que je vous sois soumis.

Vous êtes tel que je le veux : Faites de moi celui que vous voulez...

-Ali Ibn Abû Taleb-