Quand je trouvais belle une fleur, j’aurais voulu la presser contre mon cœur ou la manger, c'étais plus difficile avec d'autre beauté naturelle, mais le sentiment était le même, j'avais une nature trop sensuelle, trop possessive dirais-je, Soudain, tout a changé ; par quelles voies intérieures, je l’ignore, mais le changement est là… Et cette rage de possession – je ne trouve pas de meilleure formulation – vient brusquement de me quitter. Mille liens qui m’oppressaient sont rompus, je respire librement, je me sens forte et je porte sur toutes choses un regard radieux. Et puisque, désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m’appartient et ma richesse intérieure est immense.
- Hillesum Etty
(16 mars 1941 / Extrait de journal / Une vie bouleversée)