L’homme aime la femme pour sa beauté ; la beauté, qui est souveraine et libre à l’égard de la forme, se manifeste moins grâce au formel que malgré la limitation formelle ; car la forme ne peut être la cause de la beauté, dès lors que ce n’est pas l’apparence spécifique qui constitue la nature véritable de la beauté, mais les relations intérieures, la coïncidence de causes non perceptibles, lesquelles jaillissent en mille fils de la Beauté primordiale spirituelle, de la Féminité primordiale et principielle, ou de l’aspect féminin du Divin. La pure Beauté, la pure Innocence ou la pure Harmonie est au centre de tout ce qui, au sein de la Réalité réfractée, témoigne de cette Harmonie d’une façon fragmentaire ; et dès lors que l’Harmonie se manifeste dans le réfracté, dans les formes, sans par là devenir elle-même limitée, elle ne peut demeurer en elles ; c’est pourquoi l’harmonie ou la beauté des formes est relative et éphémère comme les formes elles-mêmes. Une belle forme est l’Illimité exprimé par le limité.
- Frithjof Schuon
(Méditation primordiale)