Ne pensons pas que le fait de lâcher prise conduise à un appauvrissement de l’être, à une forme d’aridité intérieure.
C’est pour parvenir à un plein épanouissement qu’on s’allège de jour en jour.
La vérité des choses ne nous apparaît que si nous prenons du recul par rapport à elles. Le fœtus, dans la matrice, ne connaît pas sa mère; sa présence ne lui devient sensible qu’à la naissance, quand, le cordon ombilical coupé, il commence son existence autonome.
Nous aussi, nous devons quitter un jour la matrice du monde, où nous nous abritons trop longtemps, afin de jaillir enfin à la liberté.
Alors seulement, nous découvrirons notre univers et nous saurons le rendre nôtre, car rien en lui ne nous maintiendra plus captifs.
Nous cesserons de vivre, tel l’embryon aveugle, enclos dans nos limites et ignorants du monde au-delà.
A ce moment, nous prendrons consciemment possession de notre héritage. Quiconque demeure prisonnier des rets de ce monde n’en est pas l’habitant réel.
Seul l’habite vraiment celui qui, ayant su s’en libérer, apprend à le faire sien au lieu d’être possédé par lui.
Celui-là seul peut se sentir partie intégrante de la Création…
~ Rabindranàth Tagore (La demeure de la paix p44 -Lâcher Prise-)